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Ayant connu des évolutions notables dont la désindustrialisation de ses communes dans les années 80, le Grand Albigeois peut compter sur son dynamisme, sur la proximité de Toulouse et sur son attractivité touristique pour poursuivre son développement.


Vous avez été président du conseil général puis départemental du Tarn de 1991 à 2017, député de 1997 à 2012 et vous êtes sénateur depuis 2014. Comment mesurer l’évolution d’Albi et des communes périphériques et le chemin parcouru durant ces deux dernières décennies ? Chef-lieu du département du Tarn, Albi était une ville à orientation plutôt administrative. Tout ce qui
a été fait pour développer l’offre universitaire et l’Ecole des mines, la rénovation du musée Toulouse-Lautrec, le classement de la cité épiscopale par l’Unesco… a eu pour effet de renforcer la place de cette agglomération qui dépasse aujourd’hui les 80 000 habitants (dont plus de 50 000 pour la ville) dans le pôle d’attractivité toulousain. La population s’est donc accrue, y compris celle des communes périurbaines comme Saint-Juéry qui était une ville de vieille tradition industrielle puisque s’y trouve le Saut du Tarn dont la force hydraulique a permis l’installation aux siècles précédents d’activités sidérurgiques. L’industrie tarnaise, c’était donc jusqu’aux années 80 : les mines de Carmaux, la sidérurgie à Saint-Juéry et, au sud du département, le textile, en particulier le délainage (une technique qui consiste à traiter les peaux de mouton pour séparer la laine du cuir sans abîmer ce dernier, par le procédé de l’échauffe) et la maroquinerie. Une reconversion a donc été nécessaire après la crise des années 80.

Quels sont à vos yeux les principaux atouts de ce territoire en termes d’attractivité ?

Le premier avantage d’Albi est sa proximité de Toulouse, et l’axe autoroutier qui permet de relier l’agglomération albigeoise avec l’A68 et la RN88 constitue en ce sens un avantage très important. Par ailleurs, la ville et la communauté d’agglomération font partie des 245 sites qui ont été retenus il y a quelques années par Orange pour apporter le très haut débit. J’ajouterais que le territoire est attractif sur le plan touristique à plus d’un titre : nous sommes situés aux portes du vignoble du Gaillacois et à l’entrée de la vallée du Tarn, et nous possédons des sites remarquables avec les bastides, petites villes créées aux XIIème et XIIIème siècles, comme Cordes-sur-Ciel et Castelnau-de-Montmiral qui attirent de nombreux visiteurs. L’œnologie, le patrimoine et la nature constituent donc des sources de tourisme : rappelons que le Sidobre, premier centre français de production de granit, est tout proche.

Comment concilier densification urbaine et développement durable ? Quels sont les autres enjeux dans ce domaine ?

Nous sommes dans une ville moyenne et le foncier n’est pas saturé, même si on a tendance à préférer, dans nos petites communes, un habitat individuel pavillonnaire. Une vraie réflexion d’ensemble doit être menée dans le cadre du PLUi et il me semble que l’agglomération s’en est bien emparée. Concercnant la transition énergétique, de nombreux travaux ont été faits pour éviter la déperdition d’énergie dans les bâtiments. La principale difficulté est de conserver suffisamment de commerces de centreville, et que ce secteur reste attractif par rapport à celui de la périphérie. Beaucoup d’habitants étaient auparavant des fonctionnaires (sous-préfecture et emplois administratifs, hôpitaux…) et des salariés des nombreux services tertiaires et tous ces emplois ont fondu petit à petit, ce qui a conduit à une modification de la consommation locale. Je crois que la communauté d’agglomération est un atout pour pouvoir gérer cet ensemble de façon harmonieuse.

Quels remède à la désertification médicale que connaît le territoire ?

Lorsque j’étais président du conseil départemental, j’avais lancé une opération pour agir contre la
désertification médicale et mon successeur, Christophe Ramond, l’a poursuivie pour favoriser la mise en place des maisons de santé. Nous avons des difficultés à faire venir des jeunes professionnels qui se forment pourtant tout près, à Toulouse, pour exercer à Albi et dans sa périphérie. Je crois que c’est un problème national et je ne pense pas que ce soit lié ni au numerus clausus ni au manque de moyens mis en œuvre pour attirer les jeunes médecins. Je crois plutôt qu’il y a une problématique liée au fait que ces étudiants se formant dans les grandes métropoles, lorsqu’il leur faut s’installer dans d’autres territoires, doivent aussi penser à l’emploi du conjoint ou de la conjointe… ce qui n’est pas simple. Ajoutons parmi les difficultés qu’aujourd’hui, ce sont des jeunes de toute la France qui viennent à Toulouse pour se former aux métiers médicaux et qu’ils connaissent peu la région. Il faut donc mettre en place une stratégie adaptée pour faire valoir auprès d’eux tout l’intérêt qu’offrent nos territoires.

A quels dossiers serez-vous le plus attentif dans les mois à venir ?

Le dossier auquel je suis le plus attentif est le Schéma départemental d’amélioration de l’accessibilité des services aux publics (SDAASP). Rappelons que la loi Notre a confié à l’Etat et aux conseils départementaux l’élaboration conjointe de ce document. Il est nécessaire de former nos concitoyens au numérique mais en même temps ils doivent bénéficier de services publics de proximité, en particulier de l’Etat, qui répondent à leurs attentes. Quand vous aviez par exemple autrefois la possibilité de faire faire, lors d’une cession de véhicule, votre carte grise en allant en préfecture ou en sous-préfecture et que maintenant vous devez le faire par ordinateur, cela pose de nombreux problèmes à une partie de la population. Et en définitive, ce qui était gratuit devient payant, car les personnes qui ne sont pas formées font appel à une aide extérieure… qu’il s’agisse d’un auto-entrepreneur ou des services de La Poste.

Quelles pourraient être les pistes pour faire évoluer cette situation ?

L’organisation des services au public doit à mon sens être vue de façon beaucoup plus décloisonnée, non plus par silo mais de façon horizontale, et il faut mener un vrai travail de partenariat. Je suis membre du Conseil de l’immobilier de l’Etat, et lorsque nous recevons les SGAR (Secrétaires généraux pour les affaires régionales), nous constatons souvent que les services de l’Etat ne communiquent pas beaucoup avec l’extérieur et surtout ne font pas assez appel aux connaissances territoriales qui peuvent exister au sein des collectivités locales. C’est la même chose en ce qui concerne certains établissements comme La Poste qui, au niveau local, prend certaines décisions comme une fermeture le jour du marché… Bref chacun travaille dans son réseau vertical mais oublie qu’il y a la possibilité d’échanger avec les autres acteurs du territoire.